🔎 Enquête sur une crise imminente
Alors que Port-au-Prince est tombée sous l’emprise des gangs, la commune de Kenscoff est devenue le principal centre d’approvisionnement en légumes pour la région métropolitaine. Plus de 70 % des légumes consommés dans la capitale proviennent de cette zone agricole montagneuse. Les commerçants de Pétion-Ville, Delmas et autres marchés urbains dépendent de ses récoltes.
Mais aujourd’hui, Kenscoff est en danger. Les groupes armés élargissent leur emprise et menacent la dernière source de nourriture fraîche pour des milliers de familles. L’État haïtien semble dépassé. L’économie souffre. L’insécurité s’intensifie. Kenscoff pourrait-elle être la prochaine victime d’un effondrement total ?
PLAN DE L’ENQUÊTE :
1️⃣ Un verrou stratégique pour la capitale
2️⃣ Les répercussions financières d’un effondrement agricole
3️⃣ La géopolitique des gangs : pourquoi Kenscoff est une cible ?
4️⃣ Le spectre d’une famine urbaine : scénario catastrophe
5️⃣ Solutions possibles : que faire pour protéger Kenscoff ?
Kenscoff : un verrou stratégique pour la capitale
Jusqu’à récemment, Port-au-Prince comptait plusieurs axes d’approvisionnement en denrées agricoles, dont la Plaine du Cul-de-Sac et d’autres zones périphériques. Mais depuis la montée en puissance des gangs, Kenscoff est devenu le dernier bastion alimentaire.
Un centre vital pour l’économie locale :
• Les agriculteurs y produisent choux, carottes, laitues, pommes de terre et poireaux, des denrées essentielles.
• Chaque jour, des centaines de camions descendent des montagnes pour livrer les marchés urbains.
• En période de crise, Kenscoff joue un rôle similaire à un grenier national temporaire.
Une position stratégique menacée :
• Située dans les hauteurs, la commune était historiquement protégée des violences urbaines.
• Aujourd’hui, les routes d’accès sont de plus en plus dangereuses.
• Si Kenscoff tombe, Port-au-Prince pourrait entrer dans une crise alimentaire totale.
Impact économique : une catastrophe annoncée
Si l’insécurité continue de s’aggraver à Kenscoff, les conséquences financières seront dévastatrices.
L’inflation agricole en hausse :
• Les prix des légumes ont déjà augmenté de 20 à 50 % depuis que les autres sources d’approvisionnement se sont taries.
• Avec une insécurité accrue, les coûts du transport explosent (racket des chauffeurs, routes bloquées, barrages des gangs).
Menace sur les revenus des agriculteurs :
• Incapables de livrer leur marchandise, les producteurs risquent de perdre leurs récoltes.
• De nombreux agriculteurs pourraient quitter la région, entraînant une chute de la production locale.
Pétion-Ville et Delmas en première ligne :
• Ces communes abritent les plus grands marchés de la capitale.
• Les marchands qui s’approvisionnent à Kenscoff voient leurs marges fondre face aux hausses de prix et aux difficultés d’acheminement.
Si rien n’est fait, la déstabilisation de Kenscoff pourrait plonger Port-au-Prince dans une spirale économique infernale.
Géopolitique des gangs : Pourquoi Kenscoff est une cible ?
Un intérêt stratégique pour les groupes armés :
Les gangs ne se contentent plus de contrôler les axes routiers et les quartiers populaires, ils veulent maîtriser l’approvisionnement alimentaire.
• Taxer les camions agricoles : Si Kenscoff tombe, les gangs pourront imposer des taxes illégales sur chaque cargaison.
• Prendre le contrôle des marchés urbains : En contrôlant l’origine des produits, ils dictent les prix et forcent les commerçants à acheter à leurs conditions.
• Déstabiliser l’État : La faim est une arme politique. En rendant la nourriture rare et chère, ils augmentent la colère populaire et renforcent leur pouvoir face à un gouvernement dépassé.
Scénario catastrophe : vers une famine urbaine ?
Si les attaques sur Kenscoff se poursuivent, Port-au-Prince pourrait faire face à une crise alimentaire majeure.
Quatre conséquences directes d’un effondrement agricole :
1. Explosion du prix des denrées : Les légumes deviendront inaccessibles pour une grande partie de la population.
2. Augmentation de la malnutrition : Les quartiers défavorisés souffriront les premiers.
3. Exode rural massif : Les agriculteurs pourraient abandonner Kenscoff pour fuir l’insécurité.
4. Déstabilisation sociale et émeutes de la faim : L’histoire d’Haïti montre que les crises alimentaires entraînent des révoltes violentes.
Si Kenscoff tombe, la capitale n’aura aucune alternative pour nourrir sa population.
Quelles solutions ? Protéger Kenscoff avant qu’il ne soit trop tard
Face à cette menace imminente, des mesures doivent être prises de toute urgence.
1. Sécuriser les routes agricoles
L’État doit déployer des forces de sécurité sur les axes reliant Kenscoff à Port-au-Prince pour empêcher les barrages et les attaques.
2. Mobiliser l’aide internationale
Des organisations comme le Programme Alimentaire Mondial (PAM) ou la FAO pourraient intervenir pour soutenir les agriculteurs et garantir un transport sécurisé.
3. Encourager la production en périphérie
Développer de nouvelles zones agricoles protégées dans d’autres régions pour diversifier l’approvisionnement et réduire la dépendance à Kenscoff.
4. Instaurer un corridor humanitaire agricole
Créer une zone sécurisée sous supervision internationale pour garantir que les produits agricoles arrivent à destination sans entrave.
5. Sanctionner et neutraliser les groupes criminels
Sans une vraie lutte contre les gangs, toute solution sera temporaire. L’État doit restaurer son autorité pour garantir l’accès à la nourriture.
Kenscoff, un enjeu national
Les attaques sur Kenscoff ne sont pas qu’un problème local : elles menacent la survie de la capitale et l’économie haïtienne tout entière.
Si rien n’est fait, les gangs contrôleront l’approvisionnement alimentaire, les prix exploseront et Port-au-Prince sombrera dans une nouvelle crise humanitaire.
Agir maintenant, c’est éviter une catastrophe. Kenscoff est le dernier rempart contre la faim et l’anarchie. Son sort déterminera l’avenir immédiat d’Haïti.